Ces ateliers sont conçus comme des ateliers pratiques parce que nous sommes persuadés que l’acte de « voir » peut et doit se transformer en acte de création.
Nul n’a besoin a priori d’apprendre à voir une image : fruit d’une longue évolution, notre vue nous la fait apparaître spontanément sans le recours de la lecture ou du décryptage. Mais si nos yeux se sont « habitués », quelles étaient donc les étapes de cette adaptation ? De la première image à celles qui sont les nôtres aujourd’hui, qu’est-ce qui a été laissé en chemin ou s’est au contraire développé dans cette perception ? Quels sont les acquis ? Quel est l’emprunt, où se trouve l’empreinte ? Avons-nous cessé de voir certaines choses ? C’est en s’interrogeant ainsi, qu’il nous est permis de trouver un angle d’attaque, une sorte de levier qui va nous servir à initier une autre forme d’attention aux images.
Nous proposons un voyage, une invitation à se pencher, tel un géologue, sur l’Histoire de nos images et de ce fait sur l’Histoire de notre regard – y compris celle qui est en train de se faire. Il ne s’agit pas d’accumuler du savoir ou une quelconque connaissance encyclopédique, mais bien plus de ponctionner quelques moments précis et décisifs de cette Histoire, de les choisir en ce qu’ils révèlent des formes nouvelles, des premières fois qui ponctuent la biographie de l’image. Ces allers-retours entre le passé et notre présent vont nous permettre de faire une double expérience : se saisir des images, en même temps qu’appréhender notre manière « d’être saisi » par elles.
Seront convoquées des images fixes, des images animées et des images sonores. Ainsi, les reproductions de peintures, les photos et les extraits de films (de cinéma, de documentaires, d’images d’internet, etc.) seront nos matières premières, nous donnant l’opportunité de réagir et d’alimenter notre réflexion.
Par quoi semblent animées de telles images et qu’animent-elles en nous qui les contemplons maintenant ? C’est en s’approchant et en se liant à elles que l’on trouvera de précieux éléments de réponses.
Cette remontée dans le temps se fera loin de tout jugement de valeur. On verra, au contraire, que développer ce regard incite encore un peu plus à comprendre que ces images sont avant tout l’expression d’une manière d’« être au monde » et à soupeser combien chacune d’elles fait toujours corps avec un état d’esprit. Au-delà de l’instrument qui a permis de les créer et de la technique utilisée, c’est avant tout le choix personnel de privilégier tel ou tel aspect du réel, qui révèle qu’il s’agit bien de visions singulières, c’est-à-dire de points de vue.
Loin de nous, néanmoins, la volonté d’imposer une démarche qui consisterait à donner des informations à outrance dans un souci d’exhaustivité qui ne conduirait qu’à simplifier et réduire. La toile n’est précisément pas l’écran, la peinture n’est pas la photo, et la photo n’est pas le cinéma. Il s’agit de tirer des fils qui, sans être réducteurs, nous incitent au contraire à nous mettre davantage en relation.